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Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

20 août 2018 Info +

Les biotoxines marines : les toxines lipophiles ou DSP

Qu'est-ce que les toxines lipophiles ou DSP ? Retrouvez un questions-réponses pour tout savoir sur ces toxines responsables notamment de troubles gastro-intestinaux.

Les biotoxines marines, c’est quoi ?

Les biotoxines marines sont des phycotoxines, autrement dit des substances toxiques produites par certaines espèces de micro-algues toxinogènes (encore appelées phytoplancton toxinogène). Certains coquillages dits « filtreurs », qui filtrent l'eau de mer pour se nourrir du phytoplancton, peuvent accumuler ces substances toxiques. Il s'agit notamment des moules, des huîtres, des coques, des palourdes et des pectinidés (coquilles St Jacques, pétoncles…).

Les biotoxines marines peuvent être à l’origine de diverses intoxications aiguës provoquant des symptômes dont la gravité dépend de la nature de la toxine, de la dose ingérée et de la sensibilité du consommateur. Ces symptômes sont le plus souvent réversibles.

Trois grands types de toxines peuvent être présents dans le milieu marin en Europe et sont réglementés : les toxines lipophiles, les toxines paralysantes ou PSP et les toxines amnésiantes ou ASP.

Les toxines lipophiles, c’est quoi ?

Ce groupe inclut notamment les toxines diarrhéiques ou DSP (diarrheic shellfish poisoning). Les toxines DSP regroupent l’ensemble des toxines ayant un effet digestif essentiellement diarrhéique.

Quels sont les symptômes chez l’Homme ?

Si ces toxines sont sans danger pour le coquillage, elles peuvent présenter un danger pour l’Homme qui consomme des coquillages contaminés. Les symptômes associés à la consommation de coquillages contaminés par des toxines lipophiles sont essentiellement d’ordre digestif. Les toxines DSP provoquent chez le consommateur une intoxication dont les effets apparaissent dans un délai de 2 à 18h après ingestion des coquillages contaminés. Les principaux symptômes sont gastro-intestinaux : la diarrhée, la nausée, les vomissements, les douleurs abdominales, et les frissons. Des troubles secondaires comme les céphalées, les vertiges, la fièvre et une tachycardie sont aussi observés à l’occasion. Il n’y a pas de transmission interhumaine.

Que faire en cas d’ingestion ?

Les personnes qui auraient consommé des coquillages suspects et qui présenteraient ces symptômes doivent consulter leur médecin traitant ou un centre antipoison en leur signalant cette consommation.

Quelles sont les règles d’hygiène à respecter ?

La meilleure des protections est la prévention : il est essentiel de ne pas consommer de coquillages issus d’une zone contaminée. Les toxines lipophiles sont thermostables, c'est à dire qu'elles ne sont pas détruites par la chaleur. Ainsi, la cuisson des coquillages contaminés ne diminue pas leur toxicité et n’empêche pas la survenue d’une intoxication chez le consommateur.

Comment contrôle-t-on la présence de toxines lipophiles en France ?

La surveillance des biotoxines marines dans le milieu est basée d'une part sur l’observation et le dénombrement des algues productrices de toxines, et d'autre part sur la recherche des toxines directement dans les coquillages. Cette surveillance s'effectue au niveau de points de prélèvements répartis au sein des zones de production. Elle est menée sous la responsabilité des préfets de départements, avec l'appui de l'Ifremer.

Un seuil d’alerte est défini pour chaque groupe principal d’espèces de phytoplancton toxique. Le dépassement de ce seuil déclenche la recherche des toxines dans les coquillages.

La recherche de toxines lipophiles dans les coquillages intervient également de manière systématique, c'est-à-dire sans observation préalable de la présence des algues productrices, dans les situations estimées les plus à risque. C'est le cas pour des zones géographiques spécifiques et des périodes dites à risques, définies à partir de l'historique des contaminations. Dans ces zones et pendant ces périodes spécifiques, la recherche des biotoxines dans les coquillages est effectuée chaque semaine. C'est également le cas pour les gisements de coquillages au large, pour lesquels l'ensemble des toxines est recherché dans les coquillages tout le long de l'exploitation du gisement.

Pour chaque type de toxine, des seuils de toxicité dans les coquillages sont fixés par la réglementation européenne. Quand, du fait de la surveillance mise en œuvre, un dépassement de ces seuils est mis en évidence, des mesures de gestion sanitaire (dont l’information des professionnels conchylicoles et des consommateurs) et des procédures de fermeture des zones de production de coquillages sont prises par arrêté préfectoral. Ces mesures ciblent une ou plusieurs espèces de coquillages.

L'office international de l'eau (OIEau) met à la disposition de tout un chacun l'ensemble des informations sanitaires concernant les zones de production de coquillages sur son site internet et récemment via son application QualitéCOQ.

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